Publié le 08 novembre 2018 - Par Audrey - Catégorie: Les radars en général
Sébastien Chenu lors du débat à l'Assemblée nationale sur les radars automatiques

Débat à l'Assemblée nationale sur les radars automatiques

A l'occasion du vote du Projet de loi de Finances 2019, plusieurs députés ont déposé des amendements sur le budget consacré aux radars automatiques. Le dernier en date, émit Marine Le Pen (RN) et cinq autres députés a été soutenu en séance par Sébastien Chenu.

Suppression des nouveaux radars

L'amendement 1131 avait pour but de supprimer totalement les 78,290 millions d'euros de crédit alloué au déploiement de nouveaux radars pour l'année 2019.

Pour les 6 députés qui l'ont déposé, "il apparait clairement que la "politique du tout radar" a montré ses limites et que ces derniers sont devenus non plus un outil de sécurité routière mais bien un moyen de remplir les caisses de l'État".

Lors du débat sur cet amendement, le député Sébastien Chenu (photo) a également ajouté vouloir redirigé ces crédits pour "améliorer la sécurité routière" et "consacrer davantage de moyens à la rénovation de notre réseau routier".

Sans surprise, les deux rapporteurs spéciaux LREM qui ont rédigé le rapport budgétaire sur la sécurité et notamment sur les crédits dédiés au programme radars, ont rejeté en bloc l'idée des radars "cash machines", un argument "faux" et qui relève même "de la démagogie"!

Pour Nadia Hai, "les recettes du compte d'affectation spéciale « Contrôle de la circulation et du stationnement routiers » diminueront d'ailleurs, en 2019, de 3 %, ce qui signifie que nos concitoyens conduisent de façon plus vertueuse".

En présentant cet argument, elle oublie simplement de préciser que si effectivement, une baisse de 3% est bien prévue en 2019, les recettes dont elles parlent englobent toutes les amendes pour infractions routières et si on ne regarde que les amendes pour les radars automatiques, les recettes seront en hausse de plus de 10 % pour atteindre un nouveau record à plus de 1.2 milliard d'euros.

Le passage au 80 km/h

Suite à cette affirmation, le député Pierre Cordier (LR) est intervenu pour indiquer que suite au passage au 80 km/h, le nombre de flashs avait été multiplié par deux. Il a été vite repris par le ministre de l'Intérieur qui a précisé que sur les trois derniers mois, la hausse du nombre de flashs avait été plus faible.

Ces interventions ont permis à Nadia Hai de rebondir sur le fait que le gouvernement avait tenu sa promesse en reversant "une part de ces recettes" aux "associations de victimes des accidentés de la route".

Là encore, elle semble ne pas très bien connaitre son sujet... Cette part ne sera pas versée aux associations mais aux hôpitaux! De plus, la promesse n'est pas entièrement tenue puisque c'est un fond au profit des accidentés de la route qui aurait du être créé et "doté de l'intégralité du surplus des recettes perçues par l'Etat lié à l'abaissement des vitesses maximales". Le fonds n'a pas été créé et le versement de 26 M€ aux hôpitaux est un montant de recettes sous estimé par le gouvernement.

Le débat s'est poursuivi sur le passage au 80 km/h et des "chiffres concernant le nombre de victimes et de morts sur les routes" qui "sont encore en augmentation, ce qui prouve que votre politique est une erreur".

Sur ce sujet, Sébastien Chenu a été suivi par Fabien Di Filippo (LR) qui a rappelé quelques vérités en précisant par exemple que "par rapport à l'année dernière, la baisse de la mortalité a été plus importante au mois de juin qu'aux cours des mois de juillet et d'août, c'est-à-dire qu'elle a été plus importante avant l'entrée en vigueur des 80 km/h qu'après" et que l'on "a même assisté à une remontée de la mortalité" au mois de septembre. Mais aussi "que les radars sont installés à des endroits qui ne sont pas toujours les plus accidentogènes".

Il a fini son intervention sur une vision de la sécurité routière à long terme en s'appuyant sur une déclaration de Carlos Ghosn, le patron de Renault, qui lors de son audition devant la commission des affaires économiques a déclaré que "c'est le progrès technologique qui va permettre de sécuriser les véhicules et les routes. Si 90 % des accidents corporels pourront être évités d'ici vingt à vingt-cinq ans, c'est bien grâce au progrès, et certainement pas grâce à des mesures démagogiques comme les 80 km/h ou la multiplication des radars".

Comme cela était prévisible, à l'issue de ce débat, l'amendement 1131 visant à supprimer les crédits alloués au déploiement de nouveau radars automatiques en 2019 qui faisait l'objet d'un avis défavorable de la commission et du gouvernement n'a pas été adopté.

Le budget 2019 des radars automatiques a ainsi été voté sans modification par l'Assemblée Nationale. Il sera encore étudié prochainement par le Sénat.

Le débat complet

Voici la vidéo du débat complet qui a eu lieu en séance le 6 novembre 2018.

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