La pollution sonore est un enjeu important en matière de santé publique. Pourtant, malgré les attentes des citoyens et des élus locaux, le déploiement des radars anti-bruit pour lutter contre ce fléau est bloqué. Depuis 2022, une expérimentation a été lancée, mais elle piétine. Les riverains, notamment ceux de la vallée de Chevreuse, subissent toujours les nuisances des deux-roues motorisés modifiés. Leurs pots d'échappement, dépourvus de chicanes, émettent des décibels bien au-delà des seuils légaux.

Un problème de santé publique ignoré

Les conséquences de la pollution sonore ne sont pas anodines. À court terme, elle provoque des acouphènes ou des troubles du sommeil. À long terme, elle peut entraîner des pertes auditives ou un stress chronique. Les habitants de la vallée de Chevreuse en savent quelque chose. Chaque week-end, entre avril et octobre, des centaines de motards envahissent les routes. Leurs véhicules, souvent modifiés pour augmenter leur puissance, transforment le cadre naturel en un enfer sonore.

Les gendarmes locaux tentent de verbaliser les contrevenants. Pourtant, leurs efforts restent insuffisants. Les radars sonores, surnommés « radars méduses », devaient apporter une solution. Leur principe est simple : mesurer le niveau sonore des véhicules et sanctionner ceux qui dépassent les limites autorisées. Mais aujourd'hui, ces dispositifs ne sont toujours pas opérationnels.

Le radar anti-bruit de Bruitparif

Une expérimentation qui s'enlise

En janvier 2022, sept collectivités ont été choisies pour tester ces radars. Parmi elles, la communauté de communes de la Haute Vallée de Chevreuse, mais aussi Paris, Bron, ou encore Nice. La première phase de l'expérimentation avait un objectif limité : évaluer le fonctionnement des radars sans verbaliser. La seconde phase, elle, devait permettre de sanctionner les véhicules trop bruyants.

Cependant, cette deuxième étape n'a jamais vu le jour. Pourquoi ? Parce que les radars doivent d'abord être homologués par le Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE). Or, cette homologation tarde. Deux industriels, MicrodB et Bruitparif, travaillent encore sur la validation technique de leurs dispositifs. Sans cette étape cruciale, impossible de passer à la verbalisation.

Les radars sonores en test dans la Vallée de Chevreuse

Des blocages techniques et juridiques

Le problème ne se limite pas à l'homologation. Un cadre juridique adapté doit aussi être mis en place. La durée de l'expérimentation initiale est désormais largement dépassée. La poursuite de le phase de test et de verbalisation reste suspendue dans l'attente d'une modification de la loi. Le Conseil d'État a même recommandé d'inscrire l'expérimentation dans le code de la route.

Pourtant, les attentes sont fortes. Un sondage récent révèle que 75 % des Français soutiennent l'installation de ces radars. Les élus locaux, eux aussi, réclament une solution. Ils voient dans ces dispositifs un moyen concret de réduire les nuisances sonores. Mais sans avancée législative, l'expérimentation reste dans l'impasse.

Un calendrier flou et des promesses en suspens

Initialement, la seconde phase devait débuter au printemps 2025. Aujourd'hui, aucun calendrier précis n'a été communiqué. Les collectivités partenaires attendent des réponses. Elles participent à des réunions régulières avec le ministère de la Transition écologique. Ces échanges permettent de faire le point sur les avancées techniques et juridiques. Pourtant, les retards s’accumulent.

Le panneau signalant un radar sonore est déjà inscrit au code de la route

Le Gouvernement assure qu'il reste mobilisé. Il soutient les fabricants et accompagne les collectivités. Mais les actions concrètes se font attendre. Les riverains, eux, continuent de subir les nuisances. Leurs espoirs reposent sur une généralisation des radars sonores. Pourtant, sans homologation ni cadre juridique, cette perspective semble lointaine.

Si les blocages sont levés, une généralisation des radars sonores pourrait voir le jour. En effet, de nombreuses collectivités sont dans l'attente de pouvoir installer ce type de dispositif. Mais avant cela, il manque encore une réelle volonté politique. Avant toute autre chose, le projet reste dans l'attente d'une initiative parlementaire pour inscrire la prorogation de l'expérimentation dans la loi.

Publié le 10 septembre 2025