Signalisation défaillante et retard de traitement des infractions, les PV pleuvent sur la Côte d'Azur

Dans le petit monde des radars automatiques, les histoires se suivent et se ressemblent. L'histoire que nous allons conter s'est déjà déroulée dans le passé et se déroulera probablement encore à l'avenir. La sécurité routière ne semble pas encline à régler le problème et les usagers de la route qui se sentent piégés en payent le prix fort.

Quand la limitation baisse, les PV pleuvent

Tout commence le 27 juin 2025 lorsque la mairie de Saint-Laurent-du-Var, près de Nice, décide d'abaisser la limitation de vitesse sur la route du bord de mer. Depuis toujours, cet axe à 2x2 voies était limité à 70 km/h. Pour régler les nombreux problèmes de sécurité routière qui ne manque pas de se poser sur cet axe très fréquenté, deux radars tourelles étaient déjà installés. Mais cela est resté insuffisant pour réduire les problèmes de sécurité des piétons et les risques d'accidents. La mairie a donc choisi d'abaisser la limitation de vitesse à 50 km/h. Et c'est là que commencent les problèmes.

Dans le sens Nice vers Cagnes-sur-Mer, plusieurs panneaux rappelant la limitation à 50 km/h sont installés depuis l'entrée de la ville jusqu'au radar tourelle. Mais dans l'autre sens, la situation est bien différente. Il n'existe qu'un seul panneau 50 RAPPEL installé sur le terre-plein central, juste avant le radar. Mais ce panneau est en partie masqué par la végétation! Pour ne rien arranger, le panneau signalant la présence d'un radar n'indique la limitation de vitesse à respecter qu'avec un autocollant! Et encore, il a fallu attendre le 16 août pour que la vitesse soit indiquée sur ce panneau. Depuis la fin du mois de juin et le changement de limitation de vitesse, c'est simplement du scotch noir qui masquait l'ancienne limitation à 70.

Scotch noir pour masque l'ancienne limitation de vitesse sur le panneau signalant le radar de Saint-Laurent-du-Var

Pour ne rien arranger, les avis de contraventions pour les excès de vitesse enregistrés par le radar tourelle sont arrivés plusieurs semaines après les infractions. Certains habitués qui passent ici tous les jours accumulent ainsi jusqu'à 9 PV! Non seulement le coût financier est énorme avec des amendes à 135 euros mais en plus ils risquent d'en perdre leur permis.

La situation que l'on décrit ici s'est déjà produite par le passé, autre lieu, même circonstances et même résultat, des PV qui s'empilent pour des usagers désabusés qui, tellement habitués à prendre la même route tous les jours, ne font pas attention aux panneaux de limitation de vitesse. En 2021, c'est en Bretagne à Miniac-Morvan qu'un abaissement de vitesse avait produit les mêmes effets. Une situation qui lui avait même valu de passer au journal de TF1 notamment. En 2022, c'était à Grosmagny dans le Territoire-de-Belfort et il y a encore d'autres exemples par le passé.

Comment limiter les effets d'un changement de limitation de vitesse?

A Saint-Laurent-du-Var, la mairie a fait son travail a minima en changeant les panneaux de limitation à 70 et en les remplaçant par des panneaux 50. De plus, elle avait également installé un petit panneau d'information à l'entrée de la commune pour signaler le changement de limitation de vitesse mais il aurait dû être plus visible et plus lisible!

De plus, avec la configuration des lieux, le panneau d'entrée d'agglomération est très en retrait de la route et donc difficilement visible. Des panneaux 50 supplémentaires devraient être installés à l'entrée de la commune pour que la limitation de vitesse soit plus claire et mieux respectée.

De son côté, la sécurité routière qui est responsable des panneaux signalant les radars n'a fait aucun effort pour mettre à jour le panneau du radar tourelle. De juin à mi-août, l'ancienne limitation à 70 était simplement masquée par du scotch. Depuis, ce n'est qu'un autocollant qui a été posé pour signaler la nouvelle limitation. Même si ces panneaux ne sont pas obligatoires et qu'ils n'ont pas d'effet prescriptifs, ils restent une source d'information pour connaître la limitation de vitesse aux abords d'un radar fixe.

Mais le principal tort du côté de la sécurité routière c'est le retard d'envoi des avis de contravention. Comme souvent, ils arrivent bien trop tard et les usagers qui passent par là tous les jours ont le temps d'accumuler les amendes. Des PV reçus beaucoup plus rapidement leur auraient permis de se rendre compte du changement de limitation bien plus tôt et donc d'éviter les PV ultérieurs. Là, les PV arrivent plusieurs semaines après les faits et dans le désordre. Certaines infractions plus anciennes sont transformées en PV après les plus récentes...

Les contestations vont-elles aboutir?

De nombreuses personnes verbalisées par ce radar ont décidé de contester. Malheureusement, elles ne peuvent que demander la clémence des autorités. En effet, la signalisation, même si elle est insuffisante pour ne pas piéger les automobilistes, semble légale par rapport au code de la route. Cela ne peut donc pas être un motif de contestation.

Panneau d'entrée d'agglomération Saint-Laurent-du-Var

En effet, le radar est installé sur un axe situé après un panneau d'entrée d'agglomération. La vitesse par défaut prévue par le code de la route est donc de 50 km/h. Il n'y a pas besoin de panneaux pour le rappeler. En ville, la présence de panneaux 50 RAPPEL n'est là que pour inciter les usagers de la route à respecter la limitation de vitesse. Même le panneau signalant le radar et sa limitation de vitesse masquée avec du scotch n'est pas un motif de contestation. Déjà, parce que sa présence n'est pas obligatoire, mais aussi parce que ceux qui sont installés ne sont pas obligés de signaler la limitation de vitesse à respecter au niveau du radar.

Ainsi, les personnes qui contestent ne peuvent entretenir qu'un petit espoir d'avoir gain de cause. Lorsque l'on regarde ce qui s'est passé à Miniac-Morvan, on constate que les résultats des contestations sont au bon vouloir des tribunaux qui les étudient... On peut presque parler d'une justice à pile ou face! En effet, si certains contestataires ont eu la chance de n'obtenir qu'un rappel à la loi (et très rarement un classement sans suite), la plupart ont plutôt reçu un courrier expliquant que la contestation ne pouvait aboutir et que leur dépôt de consignation serait pris comme règlement de l'amende pour clôturer le dossier. Mais d'autres encore ont reçu une ordonnance pénale d'un montant plus élevé que l'amende initiale auquel s'ajoutent 31 euros de frais de procédures.

Une des réponses du tribunal de Saint-Malo confirmant l'amende